Le fleuve qui charrie nos angoisses Arrête le versement de ses larmes Dans l'océan de nos milles douleurs. L'eau est retournée à sa source Pourtant la vie trimbale encore Ses tracas, ses souffrances et ses désirs Dans la mouvance onirique du réalisme.
Aux portes de l'enfer attend un ange Elle a de ses sourires qui effacent le paradis Et font déambuler sur les boulevards menant Des jardins suspendus de Babylone Aux quartiers interlopes de Port-au-Prince.
Elle a la clef de ses paroles qui embellissent de chaux Les tombes et les croix des siècles perdus dans la prière Elle nous apprend que le soleil se lève Pour se noyer chaque jour Dans les larmes de nos mains ouvertes Et tendues à l'espérance de notre ardeur.
Elle a le secret des mots qui font naitre Des essaims d'étoiles rouges Et des îlots de lucioles bleues Dans les yeux rêveurs des enfants des rues.
Elle est plus belle que les incandescents feux follets Qui crépitent dans les soirs de pluie d'étoiles Et dans les larmes des volcans Sortant des yeux des femmes.
Souvent elle rappelle que le rêve de vie éternelle N'est pas, en aucun sens, à la portée de notre espoir Alors, à chacun sa foi dans le doute A chacun sa croix dans la chance.
Moi je porte ma lourde croix dans ma poche gauche Quand je n'ai plus de mots à nourrir la grande faim Des sans asiles, des mendiants et des souffrants Ou à vomir aux oreilles indifférentes des pierres tombales.
Pour la résurrection des mots Je vous dis simplement Que cet ange est ma muse Avec elle je m'amuse Comme le vent dans les cheveux de Suze.