Je veux oublier le passé, Je n’ai pas d’avenir, Je vis tout juste au présent. Il y en a qui arrachent les chemises, Moi ! je n’en ai pas. Je vis au jour le jour, Dans la rue, Chez moi ou plutôt chez les autres Avant que l’on m’en chasse. Je suis un pauvre comme ils disent !
Pourtant ! Il suffirait d’un presque rien, Une parole, une main tendue, Une chemise arrachée qu’on me donne, La santé, un travail, Peut-être aussi un peu d’amour ? Pour retrouver le sourire Perdu de la chance Le jour ou elle m’a quittée. Je suis un pauvre comme ils disent !
Tous les jours je reprends le chemin De ma destinée. Tandis que mes voisins font la fête, Je porte ma peine A grandes enjambées, Cachant ma colère Aux yeux insensibles et insensés Des gens honnêtes Qui passent devant les réfugiés, sans les regarder. Je suis un pauvre comme ils disent !
Ailleurs , Il paraît que c’est la guerre ! Je n’ai pas eu besoin de partir loin pour la faire ! Je suis en guerre contre la société, Ou peut-être est-ce elle Qui est en guerre contre moi ? Va savoir ! Quelle chance puis-je bien avoir Devant le point de vue de la misère ? Je suis un pauvre comme ils disent !
Qui aimer ou condamner ? Moi qui suis tout seul face aux vents Contraires de l’abondance, Ce que je n’ai pas, D’autres l’ont à profusion. Comment inverser la tendance Et revenir à plus de raison Moi qui suis condamné Par la société ? Je suis un pauvre comme ils disent !