Les filles de rêves
Les filles de rêves, c’est celles qu’on n’a eues ou pas eues.
Les filles de rêves, c’est celles qu’on a vues, lues ou entendues.
Elles sont l’image, le souvenir d’émotions,
Le rêve idéal jusqu’au bout de l’illusion.
La belle Diane est une biche chasseresse
Et vierge comme l’est la déesse Artémis,
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Roméo repose auprès de la belle Juliette.
Le Minotaure est vaincu grâce au fil d’Ariane,
Daphné se métamorphose en laurier,
Lamartine vante la beauté de Graziella,
Chateaubriand par la Sylphide est hanté.
La belle au bois dormant est une dulcinée,
Peau d’âne est une déesse au doigt fin,
Cendrillon une ingénue au pied fin
Dont le plus beau attribut est la virginité.
L’odyssée s’embellit sous les traits de Nausicaa,
Béatrice chez Dante est la femme idéale,
Gérard de Nerval souffre devant Aurélia,
Comme Samuel Richardson devant Pamela.
Tristan se laisse mourir par amour d’Iseut,
Yvonne est du Grand Meaulnes la dulcinée,
Charlotte est le désespoir du Werther de Goethe,
Pétrarque est sous le charme de Laure, complètement envoûté.
Sous le pinceau impressionniste de Monnet,
La belle dulcinée porte une ombrelle,
Daphné est la femme idéale, un rêve
Flou, dans les traits maternels de la pureté.
Elle est pudique, grave, réservée,
Vierge, pure, intacte, préservée,
Et semble même inaccessible
Dans l’évanescence du possible.
Elle est douceur et érotisme de l’ombre,
Sur l’onde calme de la piste aux étoiles
Des âmes silencieuses qui répondent
En cœurs, à corps, et à cri à cette image.
La fille de rêve est une fille de papier,
Une belle chevelure à la peau de lait,
Pleine de tendresse et de sensibilité,
Où, brille l’image sensuelle de la piété.
L’amour est une dévotion à cette héroïne
Virtuelle, littéraire ou réelle,
Qui sublime d’adoration notre vie,
Et qui fait de Venus la plus belle des planètes.