Le jour s’affaisse Au crépuscule Dans le flot confiné du silence, La ville dort Une voiture montre son laissé passé A un policier Sur la chaussée désertée, L’hiver va bientôt disparaître.
Le jour se lève En prélude De l’équinoxe secrète du printemps, Nous sommes le 20 mars 2020 La rue est toujours vide Pas d’âme qui vive Sous le ciel pourtant clair Du matin.
Il fait si tiède, si doux Le jour s’étale Comme un bouquet paisible Qui se repose Dans la plénitude du silence, Les oiseaux chantent Leur liberté retrouvée.
Sur mon balcon Je songe à nos privations A tout ce qui nous sépare Pour mieux nous protéger les uns des autres A tous ces pétales de vie Qui fleurissent au printemps Mais que le covid-19 Nous oblige à nous éloigner.
Sous la clarté des rayons de soleil Une journée pale et minuscule Repend son règne maussade, brutal Au rythme des informations comme une journée de plomb Qui repend sa poudre A la plongée des morts.
Je ne peux plus te voir Te serrer la main Ni t’embrasser, Un ennemi invisible m’empêche De te serrer dans mes bras, L’espoir germe comme un ennui Qui me tient prisonnier.
Le printemps est là Silencieux Comme une ombre Sur le dédale de notre captivé, Il chante En silence Les couleurs de la paix D’une humanité Qu’on espère, enfin, uni Uni, pour ne plus sortir Le temps de s’en sortir, Un printemps inachevé Qui nous donne le temps de vivre Avant de retrouver On l'espère Les beaux jours de l'été.