J’étais petit à rire maigre à sourire Les jours de colère je soûlais la pierre de sanglots bleus Le châssis était mon ami Il me sauvait une fois encore in extremis
Un territoire de moineau me séparait d’elle Je la retrouvais derrière son comptoir le visage assombri Par l’éternelle grisaille du ciel Elle pansait mes pleurs me donnait l’histoire de ces mains Ces mains qui ont hébergés tant de chagrin
Les jours de fête le chemin aux peupliers Etait égayé par le chant des pinsons Prisonniers dans leur caisson
Les dés du 421 roulaient s’entrechoquaient Sur le tapis couleur d’en face trop rarement les petits Cubes blancs parsemés de points noirs retombaient Avec la combinaison tant désirée quand cela se produisait Lucie me donnait le petit lot tant convoité
Deux marches de pierre noire patinés par les habitués Menaient à la pièce pour manger Un feu dit le belge y régnait Chaussé de son globe en soleil déposé
Près du brave un peu en jalousie était la table empruntée D'un billard fatigué bien lisse de sa toile cirée Bien captive de ces immenses pieds Peut-être se disaient-ils des mots la nuit ? Je ne l’ai jamais bien su
C’est sur elle que Lucie me préparait des dîners à grandir Et à l’heure présente je suis grand Et je ne ris plus comme avant Mais dis-moi Mémé pourquoi tu te perds en caresses de sable