Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean VERDY

Lucie

J’étais petit à rire maigre à sourire
Les jours de colère je soûlais la pierre de sanglots bleus
Le châssis était mon ami
Il me sauvait une fois encore in extremis

Un territoire de moineau me séparait d’elle
Je la retrouvais derrière son comptoir le visage assombri
Par l’éternelle grisaille du ciel
Elle pansait mes pleurs me donnait l’histoire de ces mains
Ces mains qui ont hébergés tant de chagrin

Les jours de fête le chemin aux peupliers
Etait égayé par le chant des pinsons
Prisonniers dans leur caisson

Les dés du 421 roulaient s’entrechoquaient
Sur le tapis couleur d’en face trop rarement les petits
Cubes blancs parsemés de points noirs retombaient
Avec la combinaison tant désirée quand cela se produisait
Lucie me donnait le petit lot tant convoité

Deux marches de pierre noire patinés par les habitués
Menaient à la pièce pour manger
Un feu dit le belge y régnait
Chaussé de son globe en soleil déposé

Près du brave un peu en jalousie était la table empruntée
D'un billard fatigué bien lisse de sa toile cirée
Bien captive de ces immenses pieds
Peut-être se disaient-ils des mots la nuit ?
Je ne l’ai jamais bien su

C’est sur elle que Lucie me préparait des dîners à grandir
Et à l’heure présente je suis grand
Et je ne ris plus comme avant
Mais dis-moi Mémé pourquoi tu te perds en caresses de sable

(Pour toi grand-mère 1971) Jean Verdy