Pour abolir mes peines, enterrer mes amours, Pour espérer qu'ailleurs la vie serait plus belle, Je suis partie au loin voir se lever le jour Sous des cieux différents, vers des neiges éternelles.
J'ai foulé bien des terres ; près des grands champs de lave Vu jaillir des geysers, gravi quelques glaciers Figés dans les hivers quand le blizzard les brave. Mais le temps me laissait sans un moral d'acier.
Pour apaiser mon âme, y mettre des couleurs, Voir fleurir l'aloès, embaumer les pivoines, J'ai fait dorer le Sud au profond de mon cœur, Oubliant pour un temps notre beau patrimoine.
J'ai plongé dans des mers aux claires eaux turquoise, Vu voler le condor sur la pampa sans fin, Sans pouvoir effacer le parfum de l'armoise De ces grands bois où dansent épilobe et lupin.
Alors je suis rentrée, vers mes fières montagnes, Vers les forêts fleuries, les sauvages torrents, Et j'ai su que la paix y serait ma compagne Car l'air vif nous y chante des airs revigorants.