Les monts étaient si fiers, qu'un envoyé des dieux, De trop les contempler, oublia son message, Et pour y demeurer, voleta vers les cieux, Pour s'assoir ébloui sur le premier nuage.
L'air avait ces parfums de résine et de fleurs Qui enivraient ses sens, lui donnaient le délire, Quand le ciel s'embrasait des dernières lueurs, Que le lac scintillait, comme pour lui sourire,
Quand au chant du torrent, roulant sur les galets, Les trilles des oiseaux ajoutaient leurs musiques, En traçant dans le ciel de mystérieux ballets, Où le soir déposait des teintes de colchiques.
Il regardait ravi les biches qui marchaient Pour s'abreuver enfin, sous un rayon de lune, Les écureuils curieux, qui sautillants cherchaient, Si complice la nuit, leur porterait fortune.
Sur la mousse il dormit, et s'en vint proclamer, Qu'il avait vu ici les plus beaux paysages, Que ce coin de nature, où il pourrait aimer, Verrait son domicile, sous l'ombre des feuillages.