Pourquoi a-t-il fallu qu’un bout de nuit s’entasse Au fond de cette allée oubliée par le temps, Que la pluie de janvier recouvre de sa crasse Ces semblants de pavés balayés par le vent?
Pourquoi a-t-il fallu que des ombres sans âme, Fantômes du Néant, viennent s’y perdre un soir, Pour planter le décor d’un mauvais mélodrame, D’un film de quatre sous sur un écran trop noir?
Pourquoi a-t-il fallu qu’une femme perdue Dépose son bébé dans les bras du hasard? Personne n’habite cette maudite rue Qui ne fait après tout qu’abriter le blizzard!
Même Dieu se foutait, au chaud dans son église, Que cet enfant soit nu : son fils, lui, l’était bien ! Il s’en moquait comme de sa propre chemise, Qu’il avait dû donner au dernier des chrétiens.
Et même la lune, s’en battant les étoiles, S’est voilé la face d’un nuage plus dense. Ô lune maudite, tu n’enlèves tes voiles Que pour les sorcières quand elles sont en transe.