Il arriva un jour avec, dans ses bagages, Des perles de rosées venues d’autres pays. Il avait fait sans doute un terrible voyage Mais, en jetant son ancre, il fuyait la folie.
Il avait emmené au vent de ses semelles Le sable ensanglanté des combats incertains Où l’odeur de la vie, à l’angoisse se mêle, Semée d’incertitudes et de plaisirs malsains.
Il se savait suivi de fantômes de l’ombre, Visages familiers parmi cent inconnus, Et qui étaient tombés, mais qu’importe le nombre. Ils avaient tous un nom, ils avaient tous un but.
Il avait dispersé aux quatre coins du monde Des rêves de grandeur, des cendres d’absolu Qui l’avaient amené au centre d’une ronde Qui s’ouvre seulement quand la mort est venue.
Il pensait retrouver aux rives des ses yeux Les matins caressants des lointains alizés, Le manteau d’hermine que revêtent les dieux Quand ils vivent au nord, aux landes des excès.
Il avait oublié qu’un destin se nourrit Aux tables du passé où festoie la mémoire. Il avait oublié, pourtant c’était sa vie, Qu’au milieu de la nuit, il ne fait jamais noir.
Il est venu un jour avec, dans ses bagages, Juste un peu d’avenir mais guère d’illusions Et il attend, perdu, comme un enfant trop sage, La femme qui saura détruire ses prisons.
Il lui offrait, c’est vrai, un costume trop lourd, Entre la blouse blanche et la robe fendue. Mais il trouvait parfois sous ses doigts de velours, Des parfums de bonheur, de drogue défendue.