Étaient-ils un peu vrais ou les ai-je rêvés, Ces amants qui erraient sur le bord du canal ? Les portes du matin qui s’ouvraient à l’été, Offraient à ces deux-là l’aurore boréale.
Étaient-ils un peu vrais, ces enfants qui s’aimaient, Qui se donnaient la main, en se tenant des yeux ? Un manège tournait dans leurs cœurs qui riaient. Ils n’avaient pas quinze ans, ils étaient merveilleux!
Mais ils étaient si grands que leurs rêves frôlaient Les nuages poudrés dans le fond de l’azur. Mais ils étaient si forts que leurs vies s’envolaient. Elle paraissait frêle et lui semblait si sûr.
Ils semaient leurs projets sur le bord du chemin : Des rideaux accrochés à des fenêtres bleues, L’odeur du chocolat, les croissants du matin Et les fleurs achetées au marché du Bon Dieu.
Ils dessinaient déjà de leurs doigts enlacés Le prénom d’un enfant, des boucles de candeur Blondes comme des blés mûrissant à l’été Et choisissaient aussi, de ses draps, la couleur.
Était-il un peu vrai, ce bateau qui passait, Étouffant leurs aveux dans un bruit de moteur. Je savais que jamais je ne les reverrai. Le hasard, entre nous, n’a jamais eu de cœur.