Vos
poèmes

Il pleut à grosses gouttes
Sur les trottoirs de ma rue
Qui sèment le doute
Et troublent ma vue

A travers les carreaux salis
J’aperçois de ma fenêtre
S’abritant de la pluie
Un homme qui secoue sa tête.

Hirsute est son visage
Et nus sont ses pieds
Son balluchon n’a pas d’âge
Son manteau par une ficelle est lié.

Il pleut à grosses gouttes
Sur les trottoirs de ma rue
Et l’homme sur la route
Ne m’est pas inconnu

Il pleure à grosses larmes
Sur le trottoir de ma vie
Qui mouille mon âme
Et trouble ma nuit

Sur les trottoirs de ma rue
Je reconnais en lui
Celui ne m’est pas inconnu
Je reconnais sous la pluie

L’étranger dont je me suis méfié
L’ami que j’ai fui
Le frère que je n’ai pas aidé
Le Jésus que j’ai laissé sous la pluie

Je suis sorti sur le trottoir de ma rue
Pour inviter l’étranger
Celui aux pieds nus
A venir, chez moi, se réchauffer

Mais il tombe une pluie fine
Sur les trottoirs de ma rue
Et déjà au loin se peaufine
Qui s’en va, l’ombre de l’inconnu

Nous avons tous un bout de trottoir
Dans la maison de notre cœur
Ou nous laissons ce que nous ne voulons voir
Ou nous laissons ce qui nous fait peur