Mémoire du hameau, le petit cimetière, Ouvert à l’océan cosmique tel un port, Navires alignés vers le sud ou le nord, Reçoit des ans passant la paisible lumière.
Herse du souvenir, l’inutile barrière Elève contre l’air un barreau qui se tord : Une grille de rouille emprisonne la mort Et trace par son seuil, fictive, une frontière.
Un soleil radieux exalte les pâleurs, Des cascades plastique, offrandes aux douleurs, Cachent le patronyme immortel et les dates
Mais, lorsque la nature au soir douillet s’endort, Sous un rayon d’argent brillent les glyphes d’or, Impassibles témoins des cippes disparates.
II
Lacis de croix, forêt du repos éternel. L’automne souverain étale ses mirages, En place de la feuille il tombe des images Du front du visiteur grave et fusionnel.
Sous la pierre blottis, proches originels, Ils sont là, de l’enfance émouvant témoignage, Qui surent par amour m’éviter le broyage De créateurs experts en chocs passionnels.
Dans un recueillement que la mémoire embaume, J’éveille à la Toussaint les palais du royaume Et le marbre embelli s’arrête de blêmir.
Loin des lits ennuyeux de l’épreuve physique Une aura de couleur illumine, magique, Les chambres du futur où nous irons dormir.