Un petit chien docile larmoyait sur son sort Dans le gris d’un chenil, sous la loi du plus fort ; Il s’était installé dans l’ombre d’un recoin Pour ne pas s’exposer aux yeux de ses voisins ; Il avait sa gamelle, son eau, sa couverture, Mais rêvait d’une échelle pour passer la clôture ; S’il avait accepté, du lieu, les habitudes, C’était pour s’épargner nombre de turpitudes ; Il avait la pitié du chien montant la garde Cependant réputé pour son humeur bâtarde ; Disons que le molosse était si gros mangeur Qu’il convoitait les os du détenu pleureur. Un soir, le gros toutou humant l’odeur de moelle, Fit sauter le verrou pour venir à l’écuelle ; Se trouvant occupé à gober la substance, Il plaça de côté sa grande vigilance. Alors, le petit chien s’éclipsa en silence, - Il savait son gardien prisonnier de sa panse- Il s’en alla si loin qu’on ne le revit plus : Le chenil, trop plein, lui avait fort déplu.
Clébards incarcérés conservez vos os courts, La côte mal taillée peut tromper un balourd ; Pour pouvoir attirer il faut choisir l’appât : La faiblesse est logée au fond de l’estomac…