Mes rêves infinis ont la couleur de tes yeux De tes lèvres aussi, et l’odeur de tes cheveux Notre folle évidence va, sans heurt, et se meut... Mais baigne encore dans la splendeur De tout ce qui était... « nous deux »
Telle est ma sève, et le fruit de ces heures de jeux Celles de nos nuits et de nos jours heureux Où l’on ignorait les regrets, la peur, et les adieux Où l’on s’imaginait n’être que farceurs et amoureux
S’ensuit alors que je me lève, malheureux Cette autre vie n’était qu’un leurre, merveilleux Tel est mon cri, ma sueur ; et voici mon aveu
Dans la trêve, vois mon âme qui se meurt... peu à peu Je crève ainsi de ma douleur et de ses derniers feux Ô mon Ève, souvenir du bonheur voluptueux Va sans le dire, avec ferveur, d’ici jusqu’aux cieux Je te rêve encore ; et pire : je pleure De nos rires silencieux... Mais je rêve... Je rêve que tu affleures... Et que tu me veux !