Je me retourne sous la terre, Mal réveillé par les clameurs, J'entends les cris qui se répètent, L'écho des voix d'amis pendus, Faut-il sortir de ce tombeau Comme entre en vous la guerre ? Ou bien se rendormir, certain D'avoir perdu la queue, la tête qui va avec ?
Je ne sais pas, je ne sais plus Si dehors l'amour qui mord m'attend encore, Je suis redevenu la pierre, une épitaphe, Froide, blanche et condamnée,
Les vers me rongent d’avoir si peu, Si vite écrit ma vie, Ivre du vin des faux-compères, Incapable d’une véritable amitié,
Celle qui se risque à contre-courant De chutes sans espoir, Qui vous évite la fuite en avant En provoquant la marche-arrière, Qui vous ouvre les yeux sur l’obscurité Parce que la nuit n’existe pas sans la lumière.
Toi mon amie que je n’ai jamais écouté, Vois-tu, la mort a fait de moi ton obligé, Un trépassé sans visage qui à présent Contemple les fleurs du dehors à l’envers… Demain pourtant, comme chaque jour, Tu reviendras, nourrir ma terre avec Tes chants syllabaires, Y repousseront peut-être un jour Quelques racines d’une improbable humanité…
Le temps et sa longueur feront le reste, Je sortirai alors de terre comme On ressort de l’eau,
Des roses blanches à la main et Quelques bleus au fond du cœur…