Il y a ce mélange saccadé de l’enfance Aux doigts d’albâtre qui effleurent L’ivoire d’une musique pleine de promesse,
Un contretemps qui se répète comme l’amitié De deux amies qui prend naissance un soir d’été, Qui rit, vivace dans le dédale des rues du vieux Paris, Une peau noire toujours suivie d’une robe blanche,
Et puis un jour, sans doute parce que la lumière N’est plus la même, parce que comme une mère Nourrit longtemps son soleil et souhaite le Voir briller plus fort avant de disparaître,
Apparaît alors une femme, plus grande, plus grave, Plus belle et plus profonde que l’image qu’elle Dissimule derrière les clairs-obscurs et Les artéfacts de son talent,
De ses bras en delta, elle nous porte vers l’océan, De ses jambes en flèche, elle redessine les ailes Qui lui permettent de s’envoler vers la terre éphémère des hommes dont elle espère l’amitié Et dont elle redoute l’amour,
C’est une musicienne dont je ne connais pas La voix mais dont je savoure le cœur peuplé De notes en boucles qui nourrissent mes mots Et dont je veux noyer mes phrases dans le puits Enchanteur d’une nouvelle mélodie et dont je sais Que la suivante sera toujours plus belle Que la précédente,
Comme on suit de nos pas dans le sillage Matinal d’une rue un parfum dont on ne connait Rien mais dont tout semble à jamais nous transporter…
Comme on danse parce qu’une note, la sienne Et pas celle d’une autre nous a conquis et Emporté dans le solfège des mystères Infinis de notre vie…