Lorsque j'étais petit, Pour que la ville soit belle, On m'a planté ici, Près d'un arbre de noël. Parfois on me décore, De guirlandes et d'ampoules; De couleurs tricolores, Je suis beau pour la foule.
On prend bien soin de moi, On m'arrose, me bichonne; On me taille quelques fois, Lorsque revient l'automne. Dans mon âge avancé, Je suis un peu courbé; Centenaire harassé, J'ai peur de succomber.
Je suis las et fourbu, Dans cette ville anonyme; Et je me sens perdu, Si minuscule infime. J'aimerais tant partir, Aller vivre en campagne; Et là-bas refleurir, En voyant les montagnes.
Respirer le bon air, Me ferait plus grand bien; Gentil vent salutaire, Doux comme un musicien. Et j'offrirai mes branches, Aux oiseaux de passage; L'hiver dans la neige blanche, Réchauffer leurs plumages.