Au-delà du poème comme au-delà du regard Comme la caverne antique et le regard ailleurs Plus loin que le mammouth et le renne Comme ce qui est autrement se déguise et n’est plus Quand l’œil ivre d’un monde échappé boit le rêve vrai Quand un monde emballé boit la raison qui rêve
Alors l’esprit par-dessus l’abîme dit oui au vertige D’herbe blanche plus belle qu’hier et demain Le chanvre respire et brûle la gorge des astres A Delphes est l’Aurige immobile et gelé Frissons de neige et doigts gourds Avec des yeux d’hiver des yeux qui mutent Rousse de nuit vous y fûtes La vérité frissonne on voit le vertige au travers
Regard fixe indifférent comme un ressac L’automne se déchire et roucoule des fumées L’herbe est coupée les fruits soupirent parfumés Toute rousse tu attends ton rire s’endort Tu pèses une caresse un cri de matin glacé Blanche enfant mordue de guerre