A mon petit ange
Il est là, dans mes bras, les yeux clos, endormi
Sa joue pâle, glacée, repose sur mon cœur,
J’ai croisé ses deux bras, l’ai posé sur son lit,
Et me suis adressé en prière au Seigneur.
Notre père qui êtes aux cieux, acceptez mon enfant,
Soyez dès à présent, ce père du salut,
M’ayant pris en ce jour, mon petit ange blanc,
Et vous êtes pour nous: ‘’ce Dieu qui l’a voulu’’.
Et vous Sainte-Marie, mère de tous les Dieux,
Celle que nous croyions remplie de mille grâces,
Pourquoi avoir choisi ce chemin sinueux,
Où l’amour pour nos saints se transforme en disgrâce.
Parlons-en de nos saints, qui du ciel nous contrôlent,
En prières, la bible, les dix commandements…
Où pouvons nous puiser tous ces mots qui consolent,
Pouvant faire en partie, le deuil de nos enfants?
Pourquoi m’avoir choisi pour ce cruel supplice?
Le seul péché commis est d’avoir mis au monde,
Cet être merveilleux; le prix du sacrifice,
Qui ne sera demain, qu’une croix sur sa tombe.
Je ne le verrai plus me sourire au réveil,
Ou pleurer de chagrin, l’absence de sa mère,
Mes jours ne seront plus que des nuits sans soleil,
Mes plus beaux souvenirs, des larmes de colère.
Je compare souvent, cet enfant de l’amour,
Au jeune oisillon, qui sevré par sa mère,
Quitta un jour le nid, s’envolant à son tour
Vers la cime des cieux, faire le tour de la terre…
Mais de ce long voyage il ne reviendra plus,
Seul le bruit de ses pas résonne dans mon cœur,
Ne me reste à présent que la voie du salut,
Dans l’espoir de sauver, mon âme qui se meurt.
Mais que puis-je espérer noyé dans la prière
Adressée à ce Dieu qui jadis me trahit?
J’espère simplement contrôler ma colère,
Et noyer dans la foi l’emprise à la folie.
L’épitaphe sera gravée en lettres d’or,
Sa tombe immaculée, en marbre de Venise,
Où l’on lira ces mots: « Silence l’enfant dort »
Et depuis ce jour là, en respect pour sa mort,
Muettes sont restées les cloches de l’église.
Il est là dans mon cœur, les yeux clos, endormi…