La feuille et le vent
Volette dans les airs, gracieuse ballerine,
Légère, colorée, dans son balancement,
Qui telle un papillon en altesse tsarine,
Défie les courants d’air dans le bleu firmament.
La bise sous ses pas, légère, veloutée,
S’écarte de ce corps empreint de mille grâces ;
On entend le serin près d’elle pioupiouter,
Dans un chant de bonheur dominant les espaces.
S’en va, puis s’en revient comme fine dentelle,
Tout en tourbillonnant, dessine dans les airs,
De folles arabesques, somptueuse aquarelle,
Explosion de couleurs, d’automnes nucléaires.
Et c’est sous les reflets d’un soleil fallacieux,
Que la feuille et le vent, mettent fin aux tourments,
Sous le regard d’un dieu, immiséricordieux,
Se séparent vaincus, en fidèles amants.
Eurus en s’éloignant dans un cri de colère,
Poussé par celle qui, retenait son élan,
Nous renvoie sa douleur en coulées de poussière,
En signe de prière par ce souffle galant ;
Pour ces mille forêts tapissées de feuillages
Ces divines caresses qu’Eole supplierait,
Sensuelles maitresses, l’invitant aux voyages,
Ces ballets de frissons où l’amant s’abreuvait,
Que depuis ce jour là, à l’orée des trentièmes,
Soufflent en signe d’amour, fidèles alizés,
Quand Mistral ou le foehn chantant leurs requiems,
Poussent les feuilles mortes de poètes épuisés.
26/09/10