Lit de verdure ou berceau de prés verts, Fraîcheur nocturne ou brise de soirée, Ce n’est ni une image évaporée, Ni les traces des crépuscules clairs.
L’oreiller est d’herbe et le chant est d’eau, La montagne veille et retient le ciel Qui projète sur un Lac irréel L’image de la Lune, son joyau.
De petites lumières sur la berge Tournent et s’envolent vers le bel astre En longeant la montagne, ce pilastre, Ce monde parallèle encore vierge.
Les monts sont éclairées par ces joueuses Qui se confondent dans la profondeur Des cieux et des étoiles la blancheur. Le Lac s’allume de lueurs ombreuses.
Il est une large étendue paisible Qui frémit au moindre soupçon de vent ; Il est un point troublant et captivant Dont le secret nous reste inaccessible.
La terne nitescence de la Lune Envoie sur la Terre et le Lac des ombres Blanches comme des lumières sombres, Noires telles une cendre importune.
Immense, émergeant de l’obscurité, Tel un fantôme sombre et imposant, Un arbre se dresse comme accusant La nuit, les énigmes, l’austérité.
Ses plus basses branches effleurent l’onde, Le ciel de cendre est saisi par sa cime. Il frissonne, il tressaille et il s’anime, Lorsque, féroce, la tempête gronde.
Mais cette nuit, rien ne bouge ou frémit. L’arbre reste figé, une statue ; Une plaine est l’eau d’étoiles vêtue ; Le silence est pesant, rien ne gémit.
Parmi le ciel qui d’une pâleur brille, Parmi les étoiles à la dérive, La Lune s’élève et le Lac ravive. Tout s’anime, puis la pénombre oscille.