Fleurs non éclose
A Anne Franck,
Petite fille aux yeux d´espoir,
Chez qui perçait la romancière,
Pourquoi les monstres, dans le noir,
T´ont ils jetée avec colère ?
Qu´avais tu fait, ange sensible,
Pour animer tant de courroux,
Pour déchaîner les loups horribles,
Qu´avais tu fait ange si doux ?
N´ont ils pas, eux aussi, rêvé,
N´ont ils pas été des enfants ?
Pourquoi ce crime perpétré,
Crime à tant d´autres s´ajoutant !
Qu´y avait-il donc de gâté
Dans leurs coeurs où battait la vie ?
Qu´y avait-il de gangrené ?
Pourquoi autant d´ignominie ?
N´ont-ils pas su qu´ils insultaient
Jusqu´aux amours de leurs parents,
Jusqu´à ce sang qui circulait
Dans leurs veines d´inconscients ?
Tout était là pour les maudire,
Jusqu´à leurs rêves, dans la nuit,
Car celui qui commet le pire,
En insultant, s´insulte aussi !
Ton esprit fourmillait de projets lumineux,
Tu étais le bouton d´une fleur ravissante;
La coupe de tes jours, à peine emplie par Dieu
Fut renversée par ceux qui semaient l´épouvante !
Tu étais le bouton d´une rose à venir !
Ô comme elle eut éclôt, éployant son calice !
Comme elle eut parfumé, su aimer, attendrir !
Le verbe sur ta lèvre eut été un délice !
" Mourir ! " que ce mot est affreux, sombre, sinistre !
Mais il est pire encor, quand précédé de " faire "
Il nous dit que la mort a de zélés ministres
Qui aiment à briser, qui aiment à défaire !
Petite fille aux yeux d´espoir,
Chez qui perçait la romancière,
Pourquoi les monstres, dans le noir,
T´ont-ils jetée avec colère ?