Le premier des Bourbons, Henri IV, l’affable, Était le plus sincère et le meilleur des rois ; Devant l’ambassadeur qui mangeait à sa table Il avait la grandeur du bâtisseur de lois. Quand il disait « Je veux », nul ne le contestait, Et l’on voyait César en ce fier béarnais !
Mais l’homme qui longtemps ignora le destin Et que les Valois même avaient un temps frappé, Savait être joyeux, savait rire aux festins, Ne se souciant pas des nobles offusqués.
Sa jeunesse avait trop souffert des guerres folles Pour que, roi maintenant, il assombrit sa mine ! Ainsi aurait-il pu dire : « Je me console Des mariages faux, des luttes assassines, Riant de bon cœur auprès de mes amis ; Je fais un peu d’esprit, je reste le même homme, Je ne veux être grand que pour mes ennemis ! Le reste est gloriole et vanité, en somme ! »
Un jour il fit monter son fils dessus son dos, Le future Louis treize qui cria « Hue, cheval ! » Et à quatre pattes, il mima le galop ! Alors on murmura. Certains dirent : « C’est mal ! » Mais le roi s’exclama : « J’ai toujours fait ainsi : J’ai porté sur mon dos bien des fois l’espérance, N’est-il pas naturel que je soutienne aussi Mon cher fils, le dauphin, mon fils qui est la France ? »