Ma belle est endormie à mes côtés, superbe, Sa longue chevelure autour d'un doux visage ; Alors je lui murmure, en frissonnant sur l'herbe, Tout en la contemplant, cet amoureux langage :
« Jeune femme, dis-moi, saurais-je bien t'aimer ? Tes regards enchanteurs que tu lances sur tout Sont autant de grains d'or par ton âme, semés ! Je voudrais qu'à moi seul tu offres ces bijoux ! Je le sais bien, c'est fou et un peu égoïste, Car si tu es à moi en nos douces étreintes, Si dans mon coeur fougueux et imparfait d'artiste Je te place au dessus des choses les plus saintes, Tu ne m'appartiens pas ! Tu es une mésange Qu'on ne peut retenir dans sa main, enfermée ! C'est moi qui t'appartiens, ma reine, mon archange ! Tu es un doux printemps ! Tu es ma bienaimée !
Ô jeunesse ! Jeunesse ! Éphémère trésor Préserve la beauté de ma belle endormie ; Protège-là des pleurs, de tous les mauvais sorts ; De son existence, fais une poésie ! Ô jeunesse, je l'aime ! Ô jeunesse divine, Ne t'en vas pas trop vite et laisse-nous aimer ! L'avenir, je le sais, est là qui se dessine, Mais laisse-nous le temps de rire et de rêver !