Regarde dans le parc, là-bas, la vieille femme Courbée et amaigrie et marchant lentement, Jeune fille, regarde : elle est belle son âme ! Sais-tu que plus que toi elle eu des soupirants ? Sais-tu que plus que toi elle croqua la vie ? Sais-tu que plus que toi elle su jouir de tout, Qu'elle était belle, enfin, toute pleine d'envies ? Sais-tu que plus que toi elle eu des rêves fous ?
Sous le vieux masque, la peau parcheminée, Se cache encor l'enfant, la svelte jeune fille ! Elle observe l'oiseau dessus la cheminée, Elle observe les fleurs sous ce soleil qui brille, Le jet d'eau, le feuillage et les jeunes amants, Ce sont-là ses plaisirs, les derniers ; c'est navrant !
Vois cette âme superbe, et modeste, et discrète : Elle a sauvé des vies au cours d'un long conflit Et ne s'en vente pas ! Va-t-en lui faire fête ! Un jour elle va fuir, chère âme, sans un bruit ! Un jour ces vieux arbres ne l'ombrageront plus Et l'on n'entendra plus ses pas sur les graviers ! Enfant, va, sur sa joue, avec un coeur ému, Déposer en riant le plus beau des baisers !