Un ange, cette nuit, m'a dit un beau secret... Mais voilà, mes amis, je ne peux le trahir : Il n'aurait jamais dû, mais il était distrait ; Il avait trop goûté aux divins élixirs.
Cependant j'ai le droit de vous dire combien Il est doux, il est grand et peut caresser l'âme ! Je l'aurai oublié, sachez-le, dès demain : Il s'éteindra d'un coup, comme s'éteint la flamme. Dès demain ? Non, déjà ! Je ne m'en souviens plus ! Il laisse dans mon coeur comme un parfum d'encens, Comme un parfum joyeux qui m'était inconnu ; Peut-être le parfum d'un céleste printemps ?
Ai-je rêvé cet ange et quels traits avait-il ? Son souvenir n'est plus qu'une étrange lueur ! Je sais que son parler était pur et subtil Et qu'en apparaissant il ne m'a pas fait peur...
Allons mon pauvre esprit, rappelle-toi vraiment ! Or voilà, tout à fuit, ma pensée est semblable à la plage sur qui la vague, lentement Vient d'effacer les pas imprimés sur le sable.