J’ai l’âme qui gémit telle un château qui brûle J’ai le cœur oppressé, accablé par l’angoisse Mon sang dans mon cerveau à grands bouillons circule Ma douleur et mes pleurs rapidement s’accroissent. La peur ronge en riant mon esprit insensé ; La folie n’est pas loin et elle attend son heure, Pas une fleurs hélas n’habite mes pensées. Le néant, de mon front va faire sa demeure.
La muse
Entend moi une fois tout au moins mon amour Le bavard que tu es est trop aveugle et sourd ! Ecoute moi !
Le rêveur
Qu’ai-je en moi de brisé, quel rouage est grippé ? Pourquoi ne puis-je vivre et aimé comme un autre ? Quel démon détestable, à ma vie, agrippé, Dans mon cœur règne en maître et tel un porc se vautre ?
La muse
Toujours les mêmes mots par ta bouche, dis-moi Seront-ils murmurés ? Agis donc et tais-toi ! Du silence naîtra la volonté suprême Un nouveau souffle, enfin, te fera dire « J’aime » ; Au lieu de radoter, pareil à un vieillard Oui, tu gazouilleras et serviras ton art ! Ecoute moi !
Le rêveur
Mes pleurs restent en moi et meurtriers sans nombre Affligent un peu plus mon esprit tourmenté ; Je ne suis plus, hélas qu’un navire qui sombre Et l’idée de la mort déjà vient me hanter. La jeunesse pourtant quoique presque achevée Avec rage m’appelle et m’ordonne la joie Elle est échevelée et toute désolée. Car j’ai trop ignoré ses plus sublimes lois. Je voudrais que l’on vit la fierté sur mon front ! Ö jeunesse fougueuse attends encore un peu Car je voudrais le vaincre enfin, ce noir démon !
La muse
Ne dis pas je voudrais, jeune sot, dis « Je veux ! »