J’aime à vous écouter, allègres martinets Qui sous l’astre estival voltigez tels des flèches, Chassant les moucherons sans vous lasser jamais, Voyageurs qui venez des vastes plaines sèches !
Vous frôlez le clocher de l’église et vos cris Sur les murs de la place ont partout un écho ! Coursiers de la nue, votre vue me ravit ! Qu’importe le soleil qui me donne si chaud !
J’aimerais tant vous suivre en vos courses fébriles, Voler au ras des flots, changer de cap, d’un coup, Égayer avec vous les rues des grandes villes, Franchir les orages aux superbes courroux !
Votre cri m’a toujours fait songer aux beaux jours, Aux beaux mois de l’été qui voient mûrir les blés - fenaisons et moissons, apogée des amours - Votre cri m’est beaucoup et il vient me parler : Il me parle des soirs si doux de la Provence, Quand on sort pour goûter la fraîcheur retrouvée ; Il vient me rappeler les jours clairs de l’enfance, Car tout jeune déjà je vous ai observés ! Il me parle sans fin des joies matutinales Qu’en vacances je goûte en ouvrant les volets : Je m’éveille et vous vois, dans le jour encor pâle, Et, naïf, je m’exclame : « Salut les martinets ! »
Vous êtes les amis de mes vastes transports ! Il me semble parfois deviner sur vos ailes Mes pensées qui s’égaient, s’agrippent à vos corps Et vivant avec vous, chantent des ritournelles !
Et l’hiver quand je songe à votre cri si vif, Je crois alors sentir le doux parfum des roses ; Je pense à la nature en ses beaux jours festifs ! Alors dans mon esprit le bel été explose !