Au fond d’un gouffre noir c’est la chute effrayante, Comme un oiseau blessé par un archer adroit, L’âme du poète, meurtrie et gémissante, Plonge vers le néant, vers un sinistre endroit. Nulle idée, pas un vers n’habite ce lieu sombre, Et il pleure ce vide et il frappe son crâne; Il dit que ses pensées sont comme des décombres Et que bien mieux que lui pourrait rimer un âne !
Il atteint les tréfonds, il crie son désespoir, Il croit que la folie s’immisce en son esprit Et que telle la flamme vaincue par l’éteignoir Cet esprit qui brillait tout à coup a péri !
C’est un tourment puissant qui étreint le poète, Un vautour lui dévore, insidieusement Les bourgeons qui tantôt éclataient dans sa tête; C’est une vraie torture, un triste abattement !
Mais soudain une fleur, un parfum ou la brise Provoquent l’étincelle, quelque chose renaît ! Le poète a trouvé des pensées qui le grisent : L’abysse où il pleurait est devenu sommet !