Ô ton souffle divin, belle muse aux yeux d’or, Ô tes baisers brûlants, héroïne sacrée, Ô ton verbe plus doux que les plus doux accords, Ô ton âme, flambeau, nébuleuse diaprée!
Donne-les, je t’en prie, ma Sylvènne chérie, Confie-les sans frayeur, qu’ils nourrissent ma flamme; Tu sais bien que c’est toi qui crées mes rêveries, Tu sais bien que tu es mon alcool, mon dictame, Que l’ivresse que j’ai à boire tes nectars Ressemble fort à celle que les bienheureux éprouvent lorsqu’ils sont dans la nue, quelque part, En découvrant l’aura et la face de Dieu!
Ouvre à moi tes pensées, dis tes secrets, bel ange, Dicte-les, j’écrirai tes chants avec ferveur, Respire le parfum de mes tendres louanges, Je serai ici bas ton fidèle licteur : Je marcherai devant en portant tes emblèmes, Annonçant ta venue et tout sera bien clair : On verra que c’est toi qui prends le grain et sèmes Et que c’est moi qui fauche et récolte les vers!