Par l'astre qui t'ensemence et gouverne ton cours Par le feu de la dévotion avec lequel il s'immole Par la source qui frémit depuis ton premier jour Par l'eau qui pénètre tous les corps et tous les sols Par les semences et les racines qui te parcourent Par les braises qui éclatent en chacun de tes pôles Par les os de nos morts dont tu restes le séjour Par l'homme qui passe à travers tes forêts de symboles Par toutes créatures naissantes, par celles qui expirent Par les lettres brûlantes dont est tissé ton nom Par l'aile dont se dépouille l'oiseau pour ne jamais te fuir Par la barque où repose le corps nu des saisons Terre-Mère que tu restes source de toute germination ! Quand l'homme ingrat aura étendu sur toi tout son empire Quand il aura ôté de ta peau tous fleuves toutes alluvions Quand il n'y aura plus un saint pour présider à tes moissons Plus une déesse pour de ton oeuvre porter le souvenir Nous serons alors semblables à celui qui vint au premier jour Pour nous dire qu'il ne restera plus que ce ciel où l'infini se mire Et rien que nos larmes pour nourrir nos dernières plantations