Dedans notre demeure où je suis revenu Il reste le parfum qui meuble encor le vide Je vois se promener par endroits ton corps nu Mon visage est livide
La rivière était belle au temps de nos cœurs fous Et ceux-ci s’abreuvaient en ses heures vivantes Mais l’habitude a su nous briser les genoux, Les amours enivrantes
Ah! Nous avons prié que tienne le serment Mais l’amour est un rêve et quand le jour s’éveille Il est souvent la tombe où fleurit le tourment Des baisers de la veille
Nous avons combattu défendant le drapeau De l’amour mais cédé face aux nuits éphémères Car même si nos mains caressaient notre peau Ce n’était que chimères
Mais dans nos cœurs, pourtant, il est un souvenir Nos regards radieux, avant qu’ils ne blêmissent, Lors de ce rendez-vous que ne pourraient ternir Les heures qui vieillissent
Mais dans cette maison, c’est l’odeur du trépas Qui me domine au long de mon pèlerinage Ton parfum a vécu ce qu’on vit ici-bas Le présent d’un autre âge
Je suis face au miroir où tes yeux maquillés Savaient m’offrir les fleurs paraissant immortelles Mais ses yeux langoureux, je les vois dépouillés Des douces étincelles
Nous avons cru sauver notre amour en créant Une chaîne invisible où vivait le murmure Alors qu’il faut hurler afin que le néant Ignore notre armure
Celle des amoureux qui protège leur ciel Quand ils ne savent pas qu’elle est faite d’argile Nous avons savouré, sans limites, le miel De l’amour si fragile
Nous voici séparés comme la flamme et l’eau Et je ne peux toucher que les restes d’un leurre ; Le grand vide effaçant les couleurs du tableau Dedans notre demeure