Muse… lointaine je te parle De la blessure toute récente S’amarre la plus ancienne plaie De la profonde larme qui stagne Remontent d’autres à la surface Je ne crains plus la tristesse ordinaire Toute mélancolie finira par se perdre Je parle de mon cœur, de mon âme De mes jours les plus intimes De l’aube qui traîne ses pas Du crépuscule qui laisse ses traces Dans le ciel de mes yeux en voyage Je discute avec les esprits de la nuit Des ombres qui habitent ma demeure D’une femme qui oublie sa robe de mariée Habille les murs tristes d’une image Où s’accrochent les filaments d’une araignée Toi, femme inconnue qui frappe à ma porte Sais – tu que l’exil enveloppe mon corps Ne vois – tu pas que ne je vis que du passé Que les instants vécus sont là à mes côtés Dans chaque coin de ma chambre il y a un tatouage Dans mes livres séniles il y a des empreintes Même l’odeur qui s’exhale me donne le vertige Que la vie est toujours la même pour un convoi Tout est là et vit dans l’invisibilité Donne – moi tes mains, caresse mon visage Laisse tes doigts absorber mes plaintes Sois douce et tes touches pleines de souplesse Mon corps pesant reste encore sensible A la brise du printemps qui s’éveille A un rai fugitif d’un soleil matinal Pour éloigner pour un temps les lambeaux de ma… nuit