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karlotta kuehne

Saisons

Mon Amour,
Si tu savais ce que murmure le Printemps
C’est un souffle léger aux soupirs de miel
Les mots étranges des anges, portiers du ciel
De flammes en rose ornant d’émaux bleus
Les toits de lauze et le crépuscule des lieux.
C’est un champ de pastel enlaçant les collines
Inspirées d’éternel, des lisières enchantées
Au chevet de forêts d’asphodèles.
Des jardins assoiffés suspendus
Aux mille fleurs immortelles
Des soyeux et candides coquelicots
Aux rouges gorges, corsetées calicot.
Si tu savais mon Amour comme j’aime
La douceur du printemps, l’arc en ciel en haillons
Bohème et marchant aux quatre saisons
Son étal de roses et ses bleus en rayons.

Si tu savais ce que fredonne l’ Eté
C’est un parfum de couleurs, le doux-gris des pavés
Des paysages sauvages, parchemins oubliés
Des herbes folles, des poussières de dentelles
Des taffetas de verdure d’angéliques endiablées
Des blés d’or candis, entachés de rousseur
Vaillants soldats de blond souffrant la chaleur
Des champs de boutons d’or sertis
De reine marguerites, du Roi Soleil favorites
C’est un échiquier en estrade apprêtée
Au clair d’une vallée de trèfles
Où de délicieuses poupées de Sire
Enjouées courtisanes au pré de la cour,
S’empressent et se jouent frivoles
Des précieuses renoncules
Au jeu des amours bagatelles, ridicules.
Si tu savais mon Amour comme j’aime
L'été qui s'invite au bal de tes bras
Son arôme brûlant, ses tendres aveux
Et la foudre dans tes yeux amoureux.

Si tu savais ce que souffle l’Automne
C’est une pluie de printemps en fine percale
Empreinte d’écume aux flaques de cristal
Un soleil en pleurs, juché sur ses hauts vallons.
C’est une passementerie de saphirs corindons
Fine broderie de terre en glaise, ruban céladon
D’une rive écharpée de brume, meurtrière ondine
Avec vue sur des murailles de bruine
Qu’au vent couvert le froid assassine.
Ce sont des fusains et pinceaux de soie
Trempés jusqu’aux eaux, vives et troublantes
Qui rouillent de sanguine, d’orange et d’amarante
Les délicats carmins d’une nature aux abois.
Si tu savais mon Amour comme j’aime
L’automne aux beaux jours
L’orée des sous-bois quand la bruyère sommeille
Au pays de tes songes dorés de vermeil.

Si tu savais ce que chuchote l’Hiver
C’est une neige en campagne dévoilant son seing-blanc
Les prairies et pâtures engourdies d’un bois dormant
Aux mille feuilles, religieuses en habit du dimanche
Envolées par l’Autan au hurlement d’avalanche.
C’est une montagne au col de dentelle
Aux crêtes poudrées de sucre, de nacre
et d'ocre nuages grattant le ciel.
C’est un lavis de voiles bleues en laine polaire
Chancelantes d’aurore en fourreau de vair
Des candélabres de lune, d’estampes d’ébène
S’ombrant d’encre de jais dans la nuit porcelaine.
Si tu savais mon Amour comme j’aime
Le feu de l’hiver, ce souffleur de verre
Jadis si luisant qui désormais se terre
Hivernant vêtu d’un lin blanc.

Si tu savais, mon Amour,
Comme j’aime le feu de l’hiver, la douceur du printemps,
L’automne aux beaux jours et les soirées d’été,
Ce baiser de lune embrasant le soleil au coucher,
Etincelant rubis sur l’onde bleue d’un ciel naufragé
Aux saisons de ton cœur, mon Amour, si tu savais