Je suis à parler franc une assez pauvre plante Je n’ai point de parfum, je n’ai point de beauté, Je ne suis bon à rien et je suis détesté, Et je maudis l’éclat de la rose insolente.
Comme elle, je possède une épine méchante Mais un don de souffrance hélas sans volupté Je n’ai qu’un seul ami que l’on dit entêté On le bat quand il dort on le fuit quand il chante.
Je grandis, je fleuris dans des endroits impurs, Sur le bord des fossés à l’angle des vieux murs, On me traite partout comme un être inutile.
Pour moi, jamais de soin, pour moi, point de pardon : On m’arrache aussitôt que la terre est fertile Je suis enfin la fleur des ânes... Le chardon !