Ballade du Temps qui passe...
L’oiseau célèbre la fin de la nuit,
L’aurore est là, qui dit à la lumière :
- Exile-toi de ce voile obscurci,
Reviens à nous et entends ma prière.
Le nouveau-né, blotti contre sa mère,
S’épanouit, se forge un caractère.
Et ce nouvel enfant, dont l’âme claire
Etait hier, étoile en son levant,
Choit ; puis apprend amour, haine ou misère,
Selon le lieu, ou selon le moment.
Fine alouette exulte en tireli :
Vivante flèche en son aile légère,
Cherche midi : elle aime, chante et rit.
Mille rayons irisent l’atmosphère,
Mille refrains jaillissent de la pierre…
Livre sacré de la Vie entrouvert,
L’homme adulte découvre le mystère
Des cœurs unis, qui s’en vont grappillant
En leur été, le bonheur éphémère,
Selon le lieu, ou selon le moment.
Le vieux hibou, au lourd sourcil garni
Allume au soir le feu crépusculaire
De l’astre mort, qui revient et qui luit.
- Déjà, dit le vieil homme à l’ âme fière…
La nuit s’en est venue sans bruit. Hier
Encor, j’étais amant, flamme solaire,
Et me voici en la saison amère…
Vraiment ! Je n’ai point vu passer le Temps !
Toujours, ressens amour ou bien colère,
Selon le lieu, ou selon le moment.
* * *
A Vous ici, qui lirez en ces vers
Fuite du Temps, de l’Hier à l’Hiver,
Cherchez l’heureux et fugitif instant :
Savourez-le, devenez-en trouvère,
Selon le lieu, ou selon le moment.