Des couleurs, de la joie, je ne veux pas C’est le noir, le gris et le rouge qu’il me faut Je dessinerai leurs visages pâles Je dessinerai leurs corps maigres Leurs maisons démolies aux jardins brûlés C’est le noir, le gris et le rouge qu’il me faut Pour une peinture qui sort de l’enfer De ces enfants de guerre C’est le noir, le gris et le rouge qu’il me faut Je dessinerai leurs yeux dont le regard Reprochent aux adultes de les avoir trahis Aux mondes de les avoir oubliés C’est le noir, le gris et le rouge qu’il me faut Je dessinerai leurs blessures, leurs chagrins J’ajouterai le miens, et encore les siens Je me plongerai dans ma solitude Je chercherai au fond de mes désespoirs J’y mettrai toute ma passion Au mur, j’accrocherai ma peinture Qui sort de l’enfer de ces enfants de guerre Et je vois leurs yeux tristes qui me regardent Qui me reprochent… moi De les avoir abandonnés