Est-ce de la folie, ou décret du Destin D'avoir succombé à cet amour clandestin? Un souffle du passé en répand les fragrances Que le flux du regret imprègne de souffrances. . Fredonne ma lyre le chant de ma douleur, Ses refrains langoureux, d'une ancienne saveur, Ravivent de mon âme la soif inassouvie D'un amour qui, pourtant, aurait duré la vie. . Il est des douleurs que le cœur ne verse en pleurs; De la blessure à flots jaillissent mes aigreurs, Amas de déboires quand de l'amour la flamme S'éteint au soufflement de cet affront infâme. . Quand tel un couperet est tombée la sentence De partir pour toujours, ô meurtrière instance De la voix du devoir qui s'élève soudain: Le clan et le statut dessinent le destin! . Impitoyable loi qui désunit deux cœurs S'aimant à la folie sous l'orage des peurs, Traversé vaillamment pour le plus beau rivage Où pitance est l'amour, le rêve, pur breuvage. . Pour nous je quémandais au bonheur quelques miettes, A l'Autre le banquet, la fête et les courbettes; Dans l'ombre de la vie, sans fanfare et sans fard Etre la Seconde se respire avec art. . Des rafales des peurs je composais la brise, Bouquet de fraicheur pour notre terre promise; Aux jeux de la passion j'étouffais les soupçons; Vibrait notre union aux rythmes de ses chansons. . Blottie contre ton cœur, m'appartenait le monde, Des étoiles des cieux je partageais la ronde; Quand valsaient nos corps aux accords de nos émois Une heure, près de toi, du bonheur de mil mois . Aujourd'hui, tu es loin; sur la rive déserte Fier se dresse l'esquif battu par la tempête, Eclaire encore ses flans une douce lueur: Bientôt un gazouillis, mon chant consolateur.