Glissant sur les touches, comme des fils de soie De fragiles cocons où la nacre chatoie, Les câlins de tes doigts, versés en doux accords, Enivrent mon âme, mon esprit et mon corps. . Une douce chaleur se répand dans mon cœur, Quand ces notes fluides murmurent la splendeur Que Mozart a brodée de mille feux d'étoiles, Appel aux cœurs brisés à prendre tôt les voiles. . Je sens soudainement se délier les chaînes Sanglant depuis longtemps le boulet que je traîne D'une douleur enfouie dans la mer de l'oubli, Ses écumes de fiel méprisant tout défi. . Ces sons de lumière ont tout à effacer, Sur la carte du temps tout est à retracer, A suspendre à jamais la fuite de la joie, A replanter l'espoir dans un limon de soie. . Prête-moi tes ailes, albatros du grand large, Sur ces airs de Mozart je fuirai ce rivage Où les nues du passé éclipsent le soleil; Je prendrai mon envol pour un nouveau réveil . Cheveux au vent, l'âme soulagée, revigorée, Par ces parfums planant dans la voûte azurée, Je survolerai monts, mers aux mille splendeurs; Dans les sphères d'azur, je noierai mes langueurs. . Je battrai de l'aile, ivre de liberté, Vers ce pays lointain où des flots de gaieté Aux frissons du zéphyr livrent leurs fragrances Où va sombrer sitôt l'esquif de mes souffrances. . Mon âme libérée déploiera ses ailes Sur l'île du pardon aux couleurs éternelles; Au flanc de l'espérance fleurira le bonheur, Sur le mont de l'amour s'éteindra la douleur.
