Il était une fois Shéhérazade
Fleurent la trahison les voiles de la mémoire:
Il brise, le déshonneur, le sire Shahrayar,
Atroce la honte aux relents de purgatoire!
Les ragots mortifiants brandissent leur étendard.
.
La colère du sultan décrète la vengeance:
"Que mille chagrins peuplent les nuits de Bagdad"!
Accablants, ô youyous étouffés, ô noces fades!
Le fracas des têtes tranchées crève le silence.
.
Raconte-moi la suite, belle Shéhérazade!
.
Un joli plan je brode pour ravir le tyran,
Pour seules armures, douces paroles berceuses,
Mille et un contes je tisse, duperies charmeuses.
Chassera le miel de ma voix son vœu délirant.
.
Les salles du palais, pavées de bouches cousues,
Exhalent froides vibrations nocturnes les soupirs
Des grâces sacrifiées à l'autel de ses plaisirs
Que mon chant vengera au son des paroles tues.
.
Raconte-moi la suite, belle Shéhérazade!
.
Le regard envoûtant, les lèvres, charmeuses flûtes,
De mon philtre à palabres s'enivre Sharayar,
Me promet lune, étoiles et tout l'alcazar,
Emeraude, saphirs, rubis, de l'or en volutes.
.
Raconte-moi la suite, belle Shéhérazade!
.
Au fil des récits éclosent les fleurs d'appétence,
Fleurit le désert aride du cœur du sultan;
La valse des palmiers berce l'Euphrate chantant;
Dans le regard des eunuques brille l'espérance
.
"Et l’aube chassant la nuit", maudit le chant du coq!
Enivre-moi, ma reine, d'une étreinte sans fin;
Séduisant ce corps, Olympe d'un bonheur certain!
Aimons-nous, la prochaine aube se taira le coq!
