A trop duré la fiesta que le matador orchestrait Sous le regard indigné du gynécée tout supplice Qui tremblait sur les rythmes des passes de tout près, Dont les plaintes titillaient son sanguinaire caprice . Je dessine ta douleur, naufragée du paradis Aux nuances de tes larmes, fécondes en solitude, Sur la toile du présent où nulle couleur n'a pris ; Surgissent sous mes pinceaux des siècles de servitude. . Brouillant toutes les couleurs, défigurée ma palette Se drape de tes douleurs, haïk huileux et visqueux, Noires morsures du temps sur ton âme si douillette, Mépris au fer tatoué dans les harems ténébreux. . De tes tresses sont dressés pesants barreaux pour ta geôle, Et ton corps qu'on pare hissé icône sur l'autel Des lubies phallocrates qu'on dorlote et auréole Est blessé à vif au sabre du mépris criminel . Sombres de trop de clarté les riads de l'esclavage ; Sont arrosés leurs jardins des ondes de tes sanglots Que les vasques dépitées répandent en cris de rage ; De ta bouche muselée ne peuvent jaillir ces flots. . Le poids de l'ignorance te déjouant l'amarrage Sur l'île des libertés aux beaux rivages corallins, Où l'arbre des Lumières à l'esprit offre l'ombrage ; S'évanouit la tutelle sous les rais des parchemins ! . Que les courants salvateurs de l'océan du savoir Emportent loin tes chaînes brisées à coups de révoltes Défonçant les murailles jamais franchies du manoir Où des mains assassines t'amadouaient en despotes !