Quand mon être accablé de leurs regards espions De leurs félins souris et de leurs allusions, Fumant comme un volcan, maudissant l'infortune Dont la cruelle main titille leur rancune, . Dans les draps de la nuit je vomis mon dégoût Fécond de leurs apions, leurs airs de marabout. Toi, mon amphore, de mes plaies sois l'abîme, Sois le secret lavoir aux maux dont suis victime. . Ö murmure voilé, que tes ondes parfumées A l'encre des souvenirs se déversent déchaînées Au creux des désirs enfouis où fleurit la douleur Quand l'espérance tarit aux frondaisons de la peur. . La peur d'un lendemain dont brumeux les contours : Les douleurs du passé semblent là pour toujours ; Mon cœur martyrisé n'ose battre de l'aile, Tel un cygne blessé se débat puis chancelle. . Pourtant mon corps lascif est tout désir tout sève, Ne renie de l'amour ni les jeux ni le rêve ; Rêve de son sein ôter voiles et interdits Renaître à la flamme, oublier les on-dit. . Redevenir femme qui frétille et se pâme Aux battements d'un cœur plus précieux que mon âme ; A deux savourer la vie, en tracer le parcours Dans l'alcôve d'Eros, nous blottir pour toujours.