J'ai vécu l'obsolescence, En silence, De mon âme, de mon essence, J'ai accepté avec évidence, Ma lente déchéance. En silence, J'ai perdu ma souveraine souvenance, Ma joyeuse puérilité d'enfance, Ainsi que mon infantile insouciance. En silence, J'ai vu mon esprit qui se balance, Entre désespoir et désespérance, Et même ma maigre foi sans consistance, N'a pu sauvé mon triste destin qui s'avance, Vers son inéluctable décadence. En silence, Dans le néant je me lance, Sans courage, sans décence, Je ne cherche même plus la délivrance, Et je moisis dans une prison sans murs, Et remplie d'absence. En silence, Je parle le silence, Muette doléance, Et invisible existence.