Deuxième ballade du concours de Blois
Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Voici ma plus belle contradiction,
Emplie d’amour mais cultive la haine,
N’ayant de maistre mais vivant comme un pion,
Violent je suis, fainéant comme un lion,
Femme m’aime à Nantes mais part en Orléans,
Ma mère j’adore mais je fuis l’océan
Tout près duquel elle m’a mis au monde,
Souriant je suis, mais de joie je suis lent,
Et tout me plaît dans un bouquet immonde.
Mal au corps mais vais en ville lointaine,
Sur les traces de maistre Françoys Villon,
Quand chaleur fait je me couvre de laine,
Traverse la France même avec durillons,
Préfère le plat, escalade sillons,
En ville je suis, mon cœur est paysan,
Pestes mauvaises j’étais leur courtisan,
Sommet je veux mais demeure dans l’onde,
Solitaire suis mais rêve d’une vie de clan,
Et tout me plaît dans un bouquet immonde.
Près des amis je me sens dans l’arène,
Dans mon taudis rêve d’un pavillon,
Comme les bâtisses où demeurent les reines.
Pas grand choses n’aime mais ai mille passions,
Suivais la Loire mais ai prit le Layon,
Jeune je suis, parle comme vieux de cent ans,
Me sens chenu et pourtant j’ai le temps,
La danse déteste mais entre dans la ronde,
Tous les charniers je les trouve marrants !
Et tout me plaît dans un bouquet immonde.
Prince des Poètes, Ô Charles d’Orléans,
Cette ballade pour vous est un présent,
Je hais, Dieu sait, tous les grands de ce monde,
Nonobstant vous désire comme parent,
Et tout me plaît dans un bouquet immonde.