D'abord mes pieds m'envoient des décharges électriques, Je suis arrivé tôt, je suis seul dans la crique. Mes yeux versent une larme en fixant l'horizon, Quand mes genoux franchissent la ligne de flottaison.
Entre temps les touristes ont investi la plage, Et les premiers déjà, me dépassent à la nage. Leurs enfants tout autour, s'ébrouent, chahutent et gloussent, Me crispant un peu plus, chaque fois qu'ils s'éclaboussent.
J'aimerais bien comme eux, avoir sous ma peau lisse, Une chair courageuse, dénuée de sensation, Mais je reste frileux, à baigner dans leur pisse, En spectateur envieux de leur récréation.
Soudain, dans un assaut, une vague atteint mes bourses, Arrachant à ma bouche un cri aigu et fort, Et puis elle se retire, emportant dans sa course, Le peu de dignité qu'il me restait encore.
Tout seul face à la mer, comme au bord d'un trou noir, J'opte pour la technique de l'ultime espoir, Et dans un dernier souffle, mon courage à deux mains, Je compte jusqu'à trois... Je reviendrai demain.