Qu'as-tu vieille femme au visage hagard? Pourquoi fuis-tu la vie ? La vie te fuit-elle ? Tes regards fixent avec frayeur les objets... Tes pantoufles t'intriguent...
Je t'aime malgré toutes ces années De souffrance et de manques, Malgré ton peu d’amour pour moi, Mais tu ne me reconnais pas...
On est obligé de te rappeler qui je suis Et quel est mon nom. Alors tu te tournes vers moi Et tu me dis « Bonjour Belle Dame »...
À quoi penses-tu, femme qui fut si belle, Orgueilleuse et arrogante il n'y a pas si longtemps? Toi qui longes comme une ombre les barres tendues Le long des couloirs de cette " maison de repos "…
Ta vie est clôturée par des murs hauts. Et cette infirmière qui te prend par la main Pour te conduire comme son enfant… Montre-lui, que si tu ne maîtrises plus tes gestes. Montre-lui, quand même, Tes savoirs et tes besoins d'espace.
Pourquoi éprouves-tu ce sentiment de fuite Où que tu sois ? As-tu si peur des hommes ? As-tu si peur de moi ? Voudrais-tu fuir si vite la réalité de ce monde ?
Que caches-tu, femme désormais grise et transparente, Derrière ce masque de l'oubli ? Tu reconnais les fleurs que je t’apporte Et tu ne me reconnais pas Moi, ta fille, celle que tu rayée de ta vie Depuis si longtemps déjà?
Oh, ma Mère, Quelle abomination que cette maladie Qui ne me permettra plus jamais de te demander Pourquoi Toi, tu ne m’aimais pas