C'est un endroit avec des colonnes, Dans une gare sale, Puante et dangereuse. L’heure à laquelle on pourrait se laisser glisser, Dos contre une colonne. L'heure de la nuit où tout est mal.
Où tout ce qui est bien s'est glissé sous la terre, Loin d'un ciel de ville orange et froid, Noir et glacé, Loin des avenues vides et des voitures garées, Hantées par la trace des absents.
C'est un endroit qui semblait vide L'instant d'avant, Cette Gare du Nord à Paris Et ses fuyards obliques, Ces faces grises qui cherchent un coin pour s’assoupir Posent leurs cœurs usés par notre indifférence Et s’affalent lourdement sur leurs tas de sacs en plastique Ne dormant que d’un demi-sommeil...
Par envie insolite pourtant de survivre Par ultime et désespérée vigilance Alors que leur âme s’est déjà depuis longtemps Engouffrée dans l’absurdité du néant…..