La pluie lenticulaire tombe au-dessous de l’agitation quotidienne, dans un baptême personnalisé, en se faufilant à travers la neige des tempes, sous le menton, des ruisseaux convergent dans un fleuve. J’attrape des gouttes froides avec les paupières tendues, les objets environnants perdent leur clarté, se transforment en décor de pensées, des endroits que mes yeux n’ont jamais vu, que mes pieds ne les ont pas touchés. Je me réveille seul, dans un sanctuaire, protégé contre la vulgarité des brutes totalitaires, isolé dans un cristal de l’analphabétisme hurlant, échappé de la prison de mon corps. Tout à coup, sans aucune possibilité de comprendre, des flèches en curare me pénètrent à travers le blindage, me paralyse les muscles, mais il me laisse ouverte la porte entre les univers. Je regarde de haut, en analysant le monde passant, sans pouvoir l’influencer, sans pouvoir réorganiser le cours du temps. En un instant, la frayeur se déclenche avec des racines enfoncées dans la solitude, envahissant le corps inerte, tueur de la volonté. Je suis terrifié par l’infini je dois le regarder en spectateur, derrière le miroir. Personne ne me voit, personne ne me connaît, apparemment, j’ai le contrôle total de mon rêve.