J'aurais voulu encor me fondre dans la nuit, - M'enivrer de noirceur, la laisser me noyer - Que déjà le soleil me ramène à la vie, Jetant dans ses rayons mon corps tétanisé.
Me voici donc livrée à l'immense dehors, Enjambant les débris de mon chaos mental. Ils jonchent le bitume et les longs corridors Qu'emporte sans un bruit ma terreur viscérale...
Le sol s'est dérobé, le décor s'est dissout Pour permettre au soleil de ronger mes entrailles ; Et quand même le vide à mes yeux semble flou, Sous ma peau transpercée, mon cœur devient vitrail.
Il déverse mes peurs sur la toile du monde Par des pluies de lumière et des torrents de feu, Remplace chaque rue et sa grisaille immonde Par les mille couleurs que lui offrent les cieux.
Je sens couler à flots dans mon sang la lumière Qui embellit la ville et me perce, agressive. La verrière sacrée qu'est devenue ma chair Se disperse en fragments de lueurs incisives.
Les morceaux de vitraux déchirent l'horizon Et mon coeur, affligé de toutes ces nuances, Les expulse, affaibli, rend au ciel son poison ; Puis s'éteint, observant l'azur avec méfiance.
Bien que mon cœur n'ait plu ces faisceaux de couleurs, Sa brûlante clarté peut toujours se répandre, Consume encor le monde - et mes cris de douleurs Ont trouvé résonance et font danser les cendres.