La fête surannée est encore annoncée Avec son lot de strass, de guirlandes dorées. Les hommes s'assagissent, on aide son prochain C'est l'esprit de Noël qui calme l'assassin.
Dans la rue froide et sombre somnolent quelques ermites Recourbés sur leurs peines, sourds sont ceux qui s'agitent. Tendant parfois leur main tremblante et décharnée, Ils recueillent l'obole si prestement donnée.
Le passant va courant, excité et avide, Aveuglé par l'éclat des vitrines opulentes. La conscience apaisée par ses dons et subsides, Il enjambe sans honte les carcasses gisantes.
Les bons samaritains s'entassent au cœur des temples Compassion et Ferveur sont à l'ordre du jour Pour célébrer des Saints que l'on cite en exemple On joint des mains gantées de soie et de velours.
Et les cloches s'emballent, elles fulminent à tout va Réveillant sans vergogne ceux qui luttent dans le froid Et déjà les foyers s'illuminent et s'égayent Ripaillant jusqu'au bout d'une nuit sans sommeil.
C'est la nuit de Noël qui dans mon cœur d'enfant Apportait la liesse des agapes en famille Peu importait la lie, nous étions réunis Collés les uns aux autres, entourés et aimants.
Elle n'a plus d'autre éclat que celui de tes yeux Cruellement absents, tournés vers l'au-delà Elle n'a plus d'autre son que celui de ta voix Qui nous chantait l'amour et nous rendait heureux.
Bien sûr l'accordéon berce encore nos soirées Mais ses touches nacrées ont le souffle coupé Car le piano du pauvre sans ton chant mélodieux Se sent abandonné, et terriblement vieux.
Rien n'est lisse en ce monde, il faut se l'avouer Mais cette tendre enfance j'aimerais retrouver Le temps s'arrêtera t'il un instant de tourner? C'est la nuit de Noël, mon cœur est pétrifié.